Lettera della psicologa polacca Franziska Baumgarten (1883-1970) [1] a Giulio Cesare Ferrari

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Berlin, Landshusterstr. 36
29.XI.23

Cher Monsieur,
Je vous remercie bien de votre aimable lettre qui m’a procuré beaucoup de plaisir. Elle a dissipée les pensées (qui m’ont très chagrinée) que votre silence est dû à une profonde antipathie ou à une faute commise inconsciemment par moi envers vous. Maintenant je suis heureuse que toutes les raisons d’un “sens négatif” doivent être exclues et je me contente tout à fait de cette constatation. Une psychanalyse me semble superflue, d’ailleurs elle ne pourrait pas être correcte, car d’après les règles de Freud il en faut absolument des associations du sujet, donc sa présence. Nous en parlerons donc si un hasard heureux nous permettra de nous rencontrer.
Je vous remercie encore de votre aimable envoi de la «Rivista» dont plusieurs articles m’ont vivement intéressée. En revanche je vous ferai parvenir sous peu un travail de moi sur «La psychologie et psychotecnique des agents d’assurance» qui va paraître dans quelques jours. On m’a raconté que ce genre de profession n’existe plus en Italie et si c’est vrai, ce petit livre sera pour la société italienne une preuve jusqu’à quel point on avait raison en supprimant la dite profession. Quant à l’Allemagne, M.ur Lipman [2] prophétise qu’il serait dangereux pour moi de me promener dans les rues de Berlin après l’apparition de ce livre… Mais on se promène maintenant si peu à Berlin qu’on pouvait le risquer. La vie est devenue très pénible pour tout le monde. Les événements politiques ont une très mauvaise influence sur les travaux scientifiques. Les universités ne possèdent pas des moyens pour soutenir les laboratoires et les bibliothèques. On n’a pas de calme pour se concentrer sur un sujet, car chaque jour apporte quelque chose de nouveau et toujours pénible. L’état nerveux de la population ouvrière influence tout le monde, même les savants qui sont pour la plupart en dehors de toute politique et cet état de l’excitation perpétuelle ne permet pas travailler (surtout à Berlin). En qualité de psychologue je me persuade que c’est la faible connaissance de la nature humaine chez les hommes d’état qui a procuré le malheur actuel du pays. S’ils étaient de bons psychologues ils auront pu beaucoup prévoir. Je vote donc pour la sélection professionnelle des hommes d’état et je postule que la qualité indispensable pour ce «métier» est la connaissance de la psychologie…
Quant à votre flatteuse invitation de vous envoyer quelque chose pour votre revue je le ferai avec grand plaisir dans quelques semaines. Maintenant je suis débordée de travail. Est ce qu’un article sur l’étude expérimentale de l’ambition vous conviendra?
Une nouvelle année commencera bientôt. Je vous souhaite beaucoup de bonnes choses et comme un désir particulier j’exprime le voeu que vous conserverez pour moi ce grain de sympathie dont votre dernier lettre témoignait si joliment.
Avec les meilleurs salutations
Franziska Baumgarten
 
[1] La Baumgarten aveva svolto i suoi studi universitari in vari centri europei, da Cracovia a Parigi, a Berlino, approdando in seguito per gli studi dottorali a Zurigo. La Svizzera divenne ben presto la sua patria: qui conobbe uno dei suoi maestri, Edouard Claparède, e qui sposò nel 1924 lo psichiatra infantile Moritz Tramer. Grazie alla neutralità della Svizzera durante la seconda guerra mondiale, poté inoltre sfuggire alle persecuzioni naziste contro gli ebrei. Si occupò soprattutto di psicologia industriale e del lavoro, ma dedicò molta attenzione anche alle conseguenze psicologiche della guerra. Cfr. F. Rudmin, Franziska Baumgarten (1883-1970): Early Female, Jewish, Peace Psychologist, disponibile on line.
[2] Lo psicologo tedesco Otto Lipmann (1880-1933), fondatore nel 1907, con William Stern (1871-1938), della rivista «Zeitschrift für angewandte Psychologie».
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